samedi 28 novembre 2015

Léguer autre chose que des raisons de désespérer ISABELLE STENGERS

Comme il est loin déjà le temps où certains célébraient les noces de la démocratie représentative et du marché comme « la fin de l’histoire ». Mais c’est bien à la fin de quelque chose que nous avons affaire. Les murs et les barbelés qui traversent l’Europe donnent un avant-goût de ce qui vient, comme aussi la sévère, quasi vindicative, discrimination entre réfugiés « de guerre » et réfugiés « économiques », c’est-à-dire, apprenons-nous, « climatiques » déjà, voués à survivre dans des camps. Ce qui s’annonce est une forme d’état d’urgence permanent, l’institution d’une gestion planétaire autoritaire des populations, avec l’impératif sans appel du « nous n’avons pas le choix », et ce, sur fond de business-as-usual.
Il n’est plus temps de penser que la crise sera temporaire, comme le font ceux qui présentent ce qu’on appelle l’anthropocène comme l’époque où l’homme, prenant conscience de ce qu’il est devenu une force géologique, trouvera les moyens de « réparer » la Terre. Le désordre climatique qui s’installe ne témoigne pas de la puissance humaine. Il a été déclenché par ceux qui ne savaient pas qu’ils jouaient avec le feu, et qui entendent bien continuer à le faire.

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