Néolibéralisme globalisé et fascisme, une équation improbable ? Pas
pour Roland Gori, qui aperçoit des similitudes entre les deux régimes :
quand la démocratie libérale s’impose dans la viepolitique en « triant
ce qui est ou non acceptable pour les institutions internationales de la
finance et du commerce », et désavoue les souverainetés populaires et
nationales ; quand « la policedes pensées et des comportements est
assurée par les nouvelles formes sociales de l‘évaluation qui réduisent la
notion de valeur à la conformité et au calcul » ; quand « la
concurrence économique n’est qu’une manière de poursuivre la guerre par d’autres moyens »… on
retrouve les trois caractéristiques principales du fascisme : parti
unique, un contrôle social sévère et un expansionnisme guerrier.
« Il est plus facile d’employer le terme de fascisme pour désigner aujourd’hui
les mouvements djihadistes hostiles au discours universaliste et rationaliste
des Lumières que pour caractériserune civilisation matérialiste,
utilitariste et rationaliste, propre à la mondialisation ».
Créer de nouveaux espaces de liberté
Pour Roland Gori, il s’agit alors de tirer les
conséquences de ce discours technicien qui paraît irréversible. L’auteur
propose de cultiver la
biodiversité des langues pour lutter contre
l’hégémonie culturelle du « globish » (contraction de « global
english », une forme internationale d’anglais), cette nouvelle langue qui
détruit, au nom de l‘efficacité technique de la fonctionnalité des entreprises, le caractère poétique de chaque
langue.
Il souhaite également en finir avec
les grilles d’évaluation qui ne tiennent compte que des résultats immédiats et
quantitatifs à une époque où tout est tourné vers le futur au mépris de la
mémoire, pour restaurer au
contraire la valeur de la tradition et de l’histoire.
Face aux crises successives que produit ce néolibéralisme globalisé, « avec
ses dispositifs de mise sous curatelle technico-financière des peuples et de
leur souveraineté politique, les systèmes de terreur qu’il engendre, les
politiques sécuritaires qu’il favorise », il faut savoir créer de
nouveaux espaces de liberté. « Le temps presse, il est venu, de réinventer l’humanisme, sans hypocrisie, sans naïveté,
sans bons sentiments dégoulinants, audacieusement ».