mardi 10 août 2010

De la dignité


Eric Fiat, philosophe, maître de conférences à l'Université Paris-est Marne-la-Vallée

Il fut, ces derniers temps, souvent question de dignité. L'article du Monde co-signé par M. Rocard et S. Veil posait que "porter atteinte à la dignité de la personne, c'est porter atteinte à la République". Les défenseurs des ministres en ont appelé au respect de leur dignité d'hommes. Tandis que leurs accusateurs ont fait de leur démission la conséquence logique de leurs indignes conduites. Tout récemment encore, le président de la République louait que M. Woerth fût demeuré d'une exemplaire dignité malgré les "calomnies". Oui, dans l'actualité récente il fut souvent question de dignité. N'y a-t-il pas alors quelque urgence à réfléchir à nouveau à cette belle valeur, qui sature de sa présence à la fois solennelle et creuse tant de discours inspirés ? C'est bien ce que nous croyons. Revenons alors vite à ce qu'un Kant en disait, dont le rappel nous paraît aujourd'hui fort urgent. A savoir que si tous les hommes sont dignes, leurs conduites en revanche ne le sont pas toutes également. Il faut donc distinguer entre l'homme et sa conduite, et ce distinguo n'a rien d'un marchandage. Ce qui revient à dire que si "les hommes [politiques] ne sont certes pas de saints, l'humanité en revanche est sainte en eux."

CF Le Monde du 09/08/2010

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